Pierre-Procope LASSALLE


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   Dans les personnages qui ont comptés dans la transformation de Saint-Pé, en voici deux des plus vaillants.

 

Mgr LAURENCE

L’abbé Procope LASSALLE

 

En lisant leur biographie, vous allez comprendre pourquoi !

De ces personnages est sorti plus que, je crois, ils espéraient, plus qu’une transformation de paysage, plus qu’un tournant dans l’économie de la région, plus que la trace du renouveau :

 

une marque dans le présent et un exemple pour le futur.

 

 

 

J’en parlerai sûrement un peu plus, mais laissons la parole à ceux qui, à leur époque, ont su passer le relais de l’information.

Sans forme ni couleur, l’idée ne se matérialise pas : la mémoire a besoin de repères, l’abstrait s’inspire du concret et tout naturellement, des statues ont vu le jour…

Cela matérialise à la fois le but, les actions accomplis, mais aussi leurs résultats. Parlons-en et ouvrons les guillemets…

 

 


 

Extrait de l’Annuaire du Petit-Séminaire de Saint-Pé de 1903

[pages 181 à 219]

 

‘‘…

 

NOTICES

de Mgr LAURENCE et de l'abbé Procope LASSALLE

AU PETIT-SÉMINAIRE

Deux statues viennent d’être élevées dans le Petit-Séminaire: l'une à Mgr Laurence, fondateur et supérieur pendant douze ans de cet établissement; l'autre à l'abbé Procope Lassalle, donateur des restes du monastère bénédictin sur lesquels le Petit-Séminaire fut fondé.

L'Annuaire a donné en 1876 deux petites notices de ces deux prêtres; mais ils doivent être bien rares, après un intervalle de vingt-sept ans, ceux qui possèdent encore cet opuscule.

Aussi croyons-nous bien faire en donnant aujourd'hui de ces deux notices une nouvelle édition dont on peut dire qu’elle « est corrigée et augmentée ».

 

 

 

 

 

 

 

 


 

PIERRE-PROCOPE LASSALLE (1)

(1751-1831)

[retour à l’introduction]

 

 La notice du Père Procope Lassalle à laquelle il vient d'être fait allusion, renferme une grave erreur que nous sommes heureux de pouvoir corriger aujourd'hui.

 Il y est dit que Procope Lassalle, d'abord professeur de Rhétorique et puis de Théologie au Collège de Tarbes, en devint le syndic en 1789. Il est très vrai qu'il y eut dans ce Collège un Doctrinaire du nom de Lassalle, lequel fut successivement professeur et syndic du Collège; mais ce Doctrinaire n'était pas, Procope Lassalle, c'était son frère Pierre.

Voici comment s'est produite cette confusion étrange.

Dans le petit nombre des documents écrits que put consulter l'auteur de la notice, se trouvait un cahier de comptes de ce Collège dont presque toutes les pages portaient la signature « Lassalle, doctrinaire syndic » sans indication du nom de baptême. Qui était ce Lassalle, doctrinaire? A défaut de documents qui pussent répondre, il fallut le demander à la tradition locale. Et comme Pierre Lassalle était mort onze ans avant son frère Procope, et que les biens de la famille Lassalle étaient arrivés au Bureau de bienfaisance comme un legs de Procope, après un intervalle de près de cinquante ans, on ne se souvenait guère à Saint-Pé que de ce dernier et on lui attribuait souvent, comme dans cette circonstance, ce qui se rapportait à son frère Pierre.

L'erreur ainsi commise a été révélée par un document que M. l'abbé L. Ricaud a découvert et que nous le remercions d'avoir bien voulu nous communiquer.

 

 

 

 


 

I

La vie de l'abbé Procope Lassalle s'est passée en très grande partie à Saint-Pé et à Bétharram; cependant, nous sommes obligés de le dire, nous n'avons sur cette vie que des renseignements très incomplets.

Procope Lassalle naquit à Saint-Pé le 8 juillet 1751; il fut baptisé le même jour dans l'église de la paroisse.

Son père, Emmanuel Lassalle, était notaire à Saint-Pé; sa mère, Marie Dyzez, était originaire d'Igon. Leur fortune, à l'époque de leur mariage, ne devait pas être considérable, puisque Marie Dyzez n'apporta en dot que trois mille francs; mais elle allait prendre d'assez belles proportions dans la suite par le travail et l'économie, et aussi grâce à quelques successions recueillies.

En attendant, les deux époux avaient pour' richesse les vertus domestiques et une famille nombreuse; car Procope dont nous nous occupons, était le quinzième et dernier né.

 De ces quinze enfants, six moururent de bonne heure; les neuf autres, - cinq garçons et quatre filles -arrivèrent à l'âge adulte et devaient survivre à leurs parents. Les garçons reçurent tous une éducation développée; d'abord, chez les Bénédictins de Saint-Pé et puis chez les Doctrinaires de Tarbes ou ceux de Toulouse. L'aîné, Jean-Félix, succéda plus tard à son père comme notaire; trois de ses frères embrassèrent la vie religieuse; Faustin-Jovite entra chez les Barnabites, à Lescar; Pierre et Procope, chez les Doctrinaires, le premier à Tarbes, le second à Toulouse.

Quand à Julien, le cinquième frère, après avoir fait le noviciat chez les Doctrinaires, il étudia la médecine et il l'exerça plusieurs années à Bordeaux où il mourut assez jeune.

Mais revenons à Procope, le Benjamin de la famille, puisque c'est de lui que nous devons nous occuper.

On sait peu de chose de son enfance et de sa jeunesse. Comme ses frères, il reçut la première éducation des Bénédictins de Saint-Pé. Son frère Pierre le fit ensuite recevoir au noviciat de la Doctrine chrétienne, à Toulouse, à la fin de l'année 1767 (2) .

Un papier de famille nous apprend qu'entré dans la congrégation des Doctrinaires, « il enseigna longtemps la grammaire, les Belles-Lettres au Collège de Lesquille à Toulouse, et ailleurs; la Théologie au Collège de Gimont, au Séminaire de Condom et au Collège de Villefranche-en-Rouergue (Aveyron), où il se trouvait à l'époque de la destruction des Congrégations enseignantes (18 août 1702).

 

 


 

II

Comme tous les prêtres, tant séculiers que réguliers, le Père Procope Lassalle reçut l'injonction de prêter serment à la Constitution civile du clergé. Il n'avait pas attendu ce moment pour examiner la portée de cette Constitution, et il avait vu que, si elle était acceptée, elle aurait pour résultat, comme elle avait pour but, de séparer l'Eglise de France du Saint-Siège, c'est-à-dire de la précipiter dans le schisme. Aussi refusa-t-il de prêter le serment demandé.

 A défaut de documents historiques contemporains qui donnent la preuve de ce refus, nous avons le témoignage d'un prêtre de Villefranche, très au courant des faits et gestes de la Révolution dans son pays. Même en l'absence .de ce témoignage qui s'appuie sur la tradition locale, nous ne pourrions pas compter le Père Procope parmi les prêtres assermentés. Son nom, en effet, ne se trouve pas dans la liste des prêtres qui se rétractèrent, ce qui est déjà une forte probabilité qu'il n'avait rien à rétracter.

Cette probabilité se change en certitude si l'on tient compte de l'opinion des contemporains de Procope qui vivaient encore à Saint-Pé il y a une cinquantaine d'années et qui étaient unanimes à parler de son inébranlable fidélilé à l'Eglise. Si du reste il en avait été autrement, comment les évêques qui, pendant un quart de siècle se sont succédé à Bayonne, auraient-ils pu lui donner la pleine et entière confiance dont ils l'ont honoré depuis sa rentrée dans le pays jusqu'à sa mort.

La persécution suivit de près ce refus; le Père Lassalle fut incarcéré à Rodez.

Mais on avait déjà mis à mort tant de prêtres, soit par la guillotine, soit par des noyades, que les bourreaux étaient fatigués. Les ecclésiastiques qui remplissaient encore les prisons en 1794, furent condamnés à la déportation, c'est-à-dire à la mort lente au-delà des mers.

Parmi les détenus de Rodez, quelques-uns échappèrent à ce sort. Cédant à un mouvement de pitié que l'on s'explique difficilement, le représentant du peuple Paganel, en mission dans l'Aveyron, rendit la liberté à trente-six de ces prêtres incarcérés, choisis dans le groupe de ceux qui n'appartenaient pas au ministère paroissial ; de ce nombre fut le Père Procope Lassalle.

Une fois libéré, que devint-il, quand et comment rentra-t-il dans son diocèse d'origine? Nous l'ignorons, Ce qu'il y a de certain, c'est qu’en 1807, sinon en 1806, il se trouvait à Bétharram, chargé par l'évêque de Bayonne, Mgr Loyson, de restaurer le Calvaire et d'y rétablir les pèlerinages.

III

Qui ne connait ce lieu célèbre, où le Calvaire de Notre Seigneur se trouve à côté du sanctuaire de Marie, la mère des douleurs; où le culte de la Passion de Jésus‑Christ est ainsi associé à la dévotion envers la Sainte Vierge devenue notre mère au pied de la croix!

L'origine du sanctuaire se rattache à une miraculeuse apparition de la Sainte Vierge antérieure au XVIe siècle.

Réduit en cendres par les huguenots, au XVIe siècle, le sanctuaire fut relevé au XVIIe, C'est à cette même époque que fut établi le Calvaire par Hubert Charpentier, prêtre du diocèse de Meaux, venu à Bétharram, à la prière de l’évêque de Lescar.

La Révolution renouvela pour Bétharram les malheurs des guerres de religion. Suivant la manière de parler de l'époque, ses biens furent mis à la disposition de la nation en 1789 et vendus un peu plus tard; la Congrégation chargée de desservir le sanctuaire fut définitivement dispersée en 1791. Mais l'orage révolutionnaire passa comme passent tous les orages.

Le sanctuaire, respecté par la Révolution à cause de son caractère artistique, et classé comme monument de l'Etat, redevint propriété ecclésiastique en 1805. En même temps furent restituées les chapelles du Calvaire que neuf propriétaires de Lestelle avaient achetées en commun pour les préserver de la destruction. Déjà, avant 1805, un religieux capucin, le P. Joseph, qui, pendant les mauvais jours, s'était tenu caché dans le pays pour y exercer le saint ministère, avait travaillé à relever les ruines faites autour du sanctuaire. Aussitôt le culte rétabli, il s'occupa de la restauration du Calvaire. C'est celte œuvre de restauration, commencée par le Père Joseph, que M. Lassalle fut chargé de continuer. Il était bien l'homme qu'il fallait pour la mener à. bonne fin.

A un jugement naturellement droit, il joignait de vastes connaissances et il était doué d'une activité infatigable. Mais laissons parler un vénérable missionnaire de Bétharram, qui l'avait vu de près. « M. Lassalle, dit le P, Fondeville dans des notes manuscrites, n'était pas orateur, mais sa diction était distinguée et ses paroles sentencieuses. On sait qu’il excellait dans le genre épistolaire; l'évêché de Bayonne a conservé avec soin les lettres qu'il avait écrites, soit à Monseigneur, soit à des curés du diocèse. La science ecclésiastique ne lui faisait pas défaut, et on l'a vu jusque dans ses vieux jours repasser la théologie. A la science, il joignait des mœurs austères, mais douces, une grande piété, le zèle pour la gloire de Dieu, la constance, et ce qui relève toutes les autres qualités, la modestie.

A peine investi de ces fonctions, Procope Lassalle travailla à remettre en honneur les pèlerinages. Les habitants du pays n'avaient pas oublié le chemin de Bétharram; ils arrivèrent dès qu'ils purent y satisfaire leur dévotion par la réception des sacrements de Pénitence et d'Eucharistie.

M, Lassalle était toujours là au service des pèlerins qui ne tardèrent pas à venir assez nombreux pour occuper la plus grande partie de ses matinées.


IV

En se vouant tout entier au travail du confessionnal, il se préoccupait d'appliquer un autre remède aux maux du présent: l'éducation de la jeunesse. L'éducation est la fin des révolutions comme elle en est la cause. De l'éducation dépend l'avenir, car les hommes agissent comme ils pensent, et ils pensent ordinairement comme ils ont appris à penser. C'est l'éducation qui élève ou abaisse les peuples et les dispose à l'anarchie, à la servitude ou à la liberté.

Les préoccupations de M. Lassalle étaient partagées par l'administration diocésaine. Elle déplorait que, dans l'étendue de trois diocèses, le Collège et le séminaire d'Aire fussent les seuls établissements où la jeunesse pût puiser l'instruction, sans s'exposer à perdre la foi et les mœurs, Pour remédier à cet état de choses, elle établit à Bétharram, en 1808, une école secondaire ecclésiastique ou petit-séminaire. M. Lassalle fut naturellement chargé de la direction du nouvel établissement. Parmi les prêtres qu'il s'associa, nous devons en nommer deux appartenant au diocèse de Tarbes et déjà avantageusement connus du public: M. Gey et M. Porthier. Les études furent fortement organisées à Bétharram, comme le prouvent les programmes des examens publics qu'on y fit subir en 1812 et en 1813. Aussi, dans le petit nombre d'années qu'il dura, ce petit-séminaire vit-il passer dans son sein plusieurs élèves dont les noms dans la suite ne devaient pas être sans gloire et parmi lesquels il faut signaler Bertrand-Sévère Laurence, d'Oroix (Hautes-Pyrénées), qu'il suffit pour le moment de nommer.

« En 1812, par suite sans doute des mesures que Napoléon venait de prendre contre les petits-séminaires, l'autorité diocésaine eut la pensée de supprimer celui de Bétharram » (3).

Cette détermination produisit une pénible impression dans le pays. On réclama de divers côtés; et des hommes considérables insistèrent pour que Bétharram devint une école de Théologie. Ce vœu fut exaucé et l'établissement de Bétharram devint grand-séminaire du diocèse, au même titre que l'étaient déjà ceux de Bayonne et de Dax.

M. Lassalle, qui était précédemment à la tête du petit-séminaire, fut chargé de diriger le nouveau grand-séminaire. Mais, avant de le diriger, il dut en développer les bâtiments. De ses ressources particulières, il fit ajouter un étage à l'ancien bâtiment trop petit. Les travaux de construction commencés en 1813 se terminèrent en 1814 et le grand-séminaire s'ouvrit cette même année. Parmi ses directeurs, nous devons signaler M. Porthier, originaire d'Ossun, dont nous avons déjà rencontré le nom.

 

 

 


Il n'y a point à faire ici l'histoire du grand-séminaire de Bétharram, où acheva de s'écouler la vie de M. Lassalle. Qu'il nous suffise de dire que, dès le premier moment, il se montra à la hauteur de ces délicates fonctions auxquelles toute sa vie l'avait préparé.

Professeur de théologie pendant plusieurs années, il avait conservé le goût et continué l'étude de cette science. Chaque jour depuis longtemps, il en appliquait les principes au confessionnal et à l'arrangement des affaires privées, pour lesquelles on faisait souvent appel à ses lumières. Il avait confessé la foi et souffert pour elle, pendant les mauvais jours; enfin, il s'était toujours distingué par une grande piété et une tendre dévotion envers la Reine des martyrs, qui est aussi la Reine du Clergé. Il possédait donc tout cc qui rend apte à travailler utilement à la formation du prêtre: la science, l'expérience, la connaissance de la vie pratique et la piété.

La direction du Grand-Séminaire n'empêchait pas M. Lassalle de continuer à s'occuper des pèlerins qui, de plus en plus nombreux, accouraient à Bétharram.

Cette direction lui faisait comprendre aussi combien il serait avantageux pour les élèves aspirant à l'état ecclésiastique de pouvoir faire leur éducation dans des établissements religieux ou Petits-Séminaires avant d'entrer dans les Grands-Séminaires. Il en parlait souvent Il ses deux frères, les Religieux, qui allaient être bientôt avec lui les seuls survivants de la famille.

Leur père était mort en 1762 et leur mère en 1783. Les neuf enfants qui avaient survécu à leur mère moururent tous dans les trente années qui suivirent sa mort, à l'exception des trois Religieux. De leur sœur, Marie, qui mourut en 1812, il est dit dans un papier de famille: « Cette vierge passa sa vie en bonnes œuvres, ses mains étaient toujours ouvertes pour les pauvres. »

Devenus seuls maîtres des biens de la famille, les trois Religieux cherchèrent à en faire le meilleur usage possible. A vrai dire, ils n'avaient pas attendu ce moment pour s'entendre à ce sujet; étant donnée la similitude de leur caractère, il ne leur avait pas été difficile de se mettre d'accord.

Pierre, Faustin-Jovite et Procope Lassalle avaient des goûts et des habitudes excessivement simples. Ils portaient leur attention sur tout et se rendaient compte de tout pour tout faire fructifier. Eux, par exemple, ne méritaient pas les reproches faits au serviteur de l'Evangile qui avait caché ses talents; ils imitaient la conduite de cet autre serviteur qui ayant reçu deux talents, avait travaillé pour les faire valoir et en avait gagné deux autres. Ces religieux, disons le mot, aimaient à thésauriser; mais c’était moins pour le plaisir de posséder que pour pouvoir donner d’avantage.

Ils n’ignoraient pas qu’il vaut mieux faire l’aumône qu’accumuler des trésors ; mais il existe plusieurs manières de faire l’aumône comme il y a diverses espèces de pannes et de besoins à soulager. Les uns, ne songeant qu'aux besoins matériels du moment, emploient à les soulager tout ce qui ne leur est pas nécessaire à eux-mêmes et portent quelquefois la charité jusqu'à se réduire à la misère. D'autres, tout en faisant la part aux besoins du moment, restreignent leurs libéralités parce qu'ils portent plus loin leurs vues. Par-delà les besoins du corps, ils voient les besoins de l'âme et de la société, que souvent aucune plainte n'accuse; ils réservent une grande partie de leurs ressources pour les satisfaire. Ou bien encore, se souvenant de la parole de Jésus-Christ, qu'il y aura toujours des pauvres parmi nous, ils veulent assurer à leur aumône cette durée indéfinie qu'aura la pauvreté à soulager. Au lieu d'éparpiller leurs ressources, tant que les besoins actuels n'en font pas un devoir, ils les réunissent pour faire une grande fondation, pour créer une de ces institutions qui multiplient l'aumône en la prolongeant. C'est dans la catégorie de ces derniers qu'il faut placer les frères Lassalle, comme nous l'allons voir.

 

 

V

A Saint-Pé, avons-nous dit, et non loin de leur maison paternelle, se trouvait, avant la Révolution, un monastère de Bénédictins. Ce monastère avait eu le sort de tous les Etablissements religieux. « Mis à la disposition de la nation ", c'est à dire confisqué par le décret de l'Assemblée nationale du 2 novembre 1789, il avait été vendu avec ses dépendances (4) le 6 brumaire an IV (27 octobre 1796), à J1, Baise Maumus, de Lourdes, pour la somme de 321.000 fr. en assignats qui représentaient en numéraire une somme inférieure à 2.000 fr. Des mains de M. Maumus il passa bientôt dans celles de son gendre, M. Lucien Soulé, de Saint‑Pé, qui en était propriétaire en 1822.

Ce monastère était resté toujours associé dans l'esprit des frères Lassalle aux souvenirs de leur enfance. Les grands bâtiments avec leurs flèches avaient d'abord frappé leurs regards. Ils avaient plus tard parcouru ses vastes cours, visité ses cloitres, entrevu ses cellules remplies pour eux de mystères, et fait connaissance avec les Bénédictins qui les habitaient. C'est de ces Religieux qu'ils avaient reçu les premières leçons; c'est probablement à leur contact et sous leur action qu'ils avaient, Pour la première fois, éprouvé le désir de la vie religieuse.

Ces touchants souvenirs ajoutaient à la douleur que leur causait l'état délabré du vieux monastère. Ils ne pouvaient voir sans verser des larmes ces bâtiments en ruines, cet enclos ravagé, ces cellules dévastées et devenues la demeure de locataires qui faisaient succéder le cri du blasphème à la voix de la prière.

 


 

 A raison même du chagrin que l'état du monastère causait aux trois Religieux, il était souvent l'objet de leurs pensées et le sujet de leurs conversations. Que ne peut-il être rendu à sa destination primitive, recevoir au moins une destination religieuse! Tel était leur vœu souvent formulé. Et comme, à leur connaissance, personne ne paraissait s'en occuper, ils se crurent désignés par la Providence pour y travailler eux-mêmes. Il fut donc décidé entre eux qu'ils se donneraient pour héritiers l'Eglise et les pauvres.

Les pauvres entreront en jouissance de leur part d'héritage à la mort du dernier des trois frères. L'Eglise? Ils chercheront dès ce moment à la doter d'un Petit-Séminaire qu'ils sont impatients de voir s'élever sur les ruines du monastère Bénédictin.

A vrai dire, l'ainé des trois frères, Pierre, avait déjà fait plusieurs fois des démarches auprès de Mgr l'Evêque de Bayonne pour le sonder et essayer de le gagner à l'idée de fonder le Petit-Séminaire, objet de ses vœux, en lui promettant son concours financier.

Une de ses lettres portant la date de 1810 était rappelée, il y a quelques années, par un journal de Tarbes (5). Il y était dit:

« … Si la suppression de la liquidation générale ne m'enlevait point une somme de 15 à 16,000 francs, je l'emploierais volontiers à cette précieuse acquisition (du monastère) et en vous présentant les clefs, je vous dirais : " Voilà, Monseigneur, un collège-séminaire; donnez-lui de bons professeurs et les élèves afflueront de toutes parts, du reste, ce que je ne fais pas aujourd'hui, j'espère de le faire dans la suite et le terme ne peut être bien éloigné. Nous sommes sans postérité et d'un âge avancé, notre bien doit aller aux pauvres et à l'Eglise, mes proches sont ou riches ou dans une grande aisance ».

Monseigneur avait dû faire des promesses pour le cas où le monastère deviendrait propriété diocésaine; car, vers 1815, une souscription fut ouverte à Saint-Pé sous l’impulsion, sans nul doute, des frères Lassalle, en vue de recueillir les fonds nécessaires pour le rachat du monastère. Ils s'inscrivirent eux-mêmes pour 3000 livres, somme qui fut à peu près doublée par les dons des habitants, la plupart en nature: promesses de charrois, de journées de travail, bois, chaux, clous, etc. Rien ne se fit cependant avant la mort de Pierre Lassalle, qui arriva en 1820.

Dieu eut certainement pour agréables les intentions et les démarches de ce Religieux. S'il ne lui accorda pas le succès, peut-être voulut-il réserver à son frère Procope devant la postérité l'honneur de la donation, comme récompense de l'inébranlable fidélité dont il avait fait preuve, en refusant de prêter le serment constitutionnel.


 

VI

A partir de ce moment, Procope, avec l'assentiment de son frère Faustin-Jovite, poursuivit seul l'exécution du projet arrêté dont non moins que ses frères, il avait à cœur la réalisation.

Le vœu de la population de Saint-Pé était que les Bénédictins pussent rentrer dans leur ancien monastère, mais, il ne pouvait être question de les rappeler. Ils avaient été chassés de la France dont pourtant ils avaient tant contribué à défricher le sol. S'ils devaient jamais y rentrer, cela ne pouvait arriver qu'à la suite du progrès des idées religieuses, Ce progrès, d'un autre côté, ne pouvait être réalisé que par l'action d’un clergé séculier nombreux et zélé, lequel pour se former et se recruter avait besoin de Séminaires.

Ainsi la fondation de Petits-Séminaires était l'œuvre à laquelle paraissait attaché l’avenir religieux de notre diocèse et de la France.

Rien ne devait donc être changé à la combinaison pour la réussite de laquelle Pierre avait travaillé.

Désireux d’en finir, Procope entra en négociation avec Lucien Soulé, qui consentit à lui vendre le monastère (21 mai 1822) pour la somme de quinze mille francs.

Maitre de l'enclos bénédictin, M. Lassalle se hâta d'en faire donation (octobre 1822) au diocèse de Bayonne, dont le département des Hautes-Pyrénées faisait alors partie. Elle fut faite à cette condition formulée dans l'acte: « que l'évêque du diocèse de Bayonne sera tenu d'établir au couvent et dépendances données, un Petit-Séminaire, où les jeunes aspirants à la prêtrise puissent faire leurs basses classes ».

Ses intentions furent promptement réalisées. Avant même que la donation fût consacrée par un acte public, Mgr d'Astros, évêque de Bayonne, nomma supérieur du Petit-Séminaire à fonder, M. l'abbé Bertrand-Sévère Laurence, d'Oroix (Hautes-Pyrénées), alors professeur au collège d'Aire.

M. Laurence se mit à l'œuvre sans retard. Il y avait tant à déblayer, tant de ruines à relever! et il fallait une maison habitable pour une communauté le mois de novembre suivant.

 

 

VII

M. Lassalle ne borna pas son rôle à celui de donateur; il voulut être la Providence du nouveau Séminaire. Il aida de ses conseils et aussi de sa bourse le nouveau Supérieur dont il appréciait hautement l'intelligence et l'activité. On fit si bien que le Petit-Séminaire put s'ouvrir le 13 novembre suivant, et recevoir, cette première année, plus de cent élèves. C'était un beau commencement qui devait avoir une suite encore plus belle. Mais revenons à Monsieur Lassalle.

En faisant donation du monastère, il s'y était réservé, sa vie durant, un appartement pour son usage personnel. Il venait souvent l'occuper quelques heures ou même des journées entières. Pendant son séjour, il se mettait au courant de la marche de la communauté, des améliorations introduites. Il aidait à résoudre les difficultés, donnait des conseils et parfois aussi, venait en aide de sa bourse. Il se conduisait au Petit-Séminaire comme chez lui; il Y était regardé aussi comme étant de la maison, et M. le Supérieur aimait à lui reconnaitre toute l'autorité qu'il voulait y prendre. Cette autorité, M. Lassalle se plaisait à la faire sentir aux élèves par des bienfaits. Quelquefois, sans que M. le Supérieur fût consulté ou prévenu, il allait sonner la promenade. On ne dit pas si la discipline souffrit jamais de ce procédé; mais on sait qu'il était fort goûté des élèves et qu'il n'était ostensiblement désapprouvé de personne.

Le Petit-Séminaire du reste devint bientôt sa maison de famille à Saint-Pé; Car le dernier de ses frères, Faustin-Jovite, mourut le mois de décembre 1823. Une distribution de pain faite aux pauvres de Saint-Pé, à l'occasion de ses funérailles, dut leur faire comprendre qu'ils auraient une part à son héritage.

Les libéralités de M. Lassalle ne se bornèrent pas à la fondation du Petit-Séminaire. « Vers la fin de 1821, il eut la pensée « d'établir à Igon, village natal de sa mère, une école gratuite pour les petites filles. Il voulait consacrer à cette œuvre sa maison de famille, un jardin et quelques milliers de francs pour faire vivre l'institutrice. Mgr d'Astros, son évêque, étant venu à Bétharram, il lui communiqua son  projet et lui exprima combien il serait « heureux d'avoir celte école tenue par des Religieuses. La pensée du prélat se porta aussitôt vers les Filles de la Croix dont il vénérait la sainte fondatrice ». « J'ai tout ce qu’il vous faut. » dit-il à M. Lassalle (6).

Puis il fit connaitre l'œuvre de la Sœur Elisabeth qui n'avait encore aucun établissement dans le Midi, et l'engagea à lui écrire pour faire sa demande.

La bonne Sœur se hâta de venir, amenant avec elle quatre religieuses qui devaient être les fondatrices du couvent d'Igon. Elles y arrivèrent le 28 avril 1825. Trois jours après leur installation, la Supérieure du nouvel établissement ayant fait sa visite d'arrivée à M. Lassalle, celui-ci profita de cette occasion pour lui offrir un présent qui prouve bien cette simplicité dont il a été parlé. Il donna à la bonne Sœur deux pommes d'une belle grosseur et très fraiches pour la saison.

A Igon comme à Saint-Pé, M. Lassalle continua à s'occuper, en bon père, de l'œuvre qu'il avait fondée. Cette œuvre ne tarda pas à se développer. La sœur Elisabeth, frappée des habitudes religieuses du pays, se décida à y établir un noviciat, ce qui eut lieu au commencement de l'année 1826.

Moins de trois ans après, M. Lassalle voulut doter également Saint-Pé, sa ville natale, d'un établissement des Filles de la Croix. Il fit don pour cela d'une vaste

 

 

maison avec cour et jardin, et assura une rente de six cents francs pour l'entretien des Sœurs. Cette fondation fut la première fille d'lgon, qui depuis en a enfanté tant d'autres pour le bien de notre pays.

On devine tout ce que ces diverses fondations ajoutaient de préoccupations et de tracas au travail que M. Lassalle avait déjà comme Supérieur' de Bétharram. Il trouvait cependant encore le moyen de se rendre à la prière de beaucoup de particuliers, qui le prenaient comme conseil dans leurs transactions et comme arbitre dans leurs différends.

Cela dit assez que, malgré son grand âge, M. Lassalle avait conservé ses forces et la plénitude de ses facultés. Nous en avons aussi la preuve dans le ton spirituel et badin de la lettre suivante qu'il adressait à un parent de Lourdes, le 18 juillet 1827.

« Je prie M. J… de demander à M. B. s'il a reçu mon certificat de vie, et de me le faire tenir pour le signer et l'envoyer à Tarbes (7).

L'affaire de S... doit-elle être renvoyée à l'année prochaine? MM. R…. et D... peuvent s'attendre à toute la vindicte d'un ermite en colère. Si vous n'avez aucun ascendant sur eux, je prierai MM. L... et R... de se joindre à moi. Avec leurs bras, justice sera bientôt rendue.

« Quand pourrai-je me libérer de tous mes créanciers? Lorsque mes débiteurs se libéreront. Ils ne sont pas aussi pressés que moi. J'ai quinze ou seize ouvriers depuis longtemps qui me grugent chaque jour (8). Sans eux, M. J... (le destinataire de la lettre) serait content. J'espère que dans ce mois je pourrai satisfaire mes créanciers.

M. A. V... doit avoir la goutte aux mains et à la tête; il n'a pas répondu à deux ou trois lettres que je lui ai écrites. Si vous avez occasion de le voir, parlez-lui du plus cher de vos amis.

LASSALLE, supérieur.

Saint-Pé, le 18 juillet 1827.

Lundi prochain, je congédie notre Séminaire. »

 

 


Un passage de cette lettre doit naturellement étonner le lecteur. A la date où il l'a écrite, l'abbé Procope est déjà maître de tous les biens de sa famille qui sont considérables, et il est à se demander comment il pourra se libérer de tous ses créanciers.

Cette étrange situation s'explique peut-être, par le fait que le chef de la famille exerça longtemps la profession de notaire. Dans les campagnes surtout, les notaires ne trouvent guère à travailler qu'à la condition d'avoir de l'argent à prêter; et les emprunteurs ; loin d'acquitter promptement leurs dettes, ne réussissent que très difficilement à payer les intérêts. Ce qu'il y a de certain, c'est que les débiteurs de l'abbé Procope étaient très nombreux. Il s'en trouvait dans les Hautes et dans les Basses-Pyrénées, pas seulement aux environs de Saint-Pé, mais aussi dans des localités éloignées de l'arrondissement. Quant à la difficulté des recouvrements, elle est attestée par une autre lettre de l'abbé Procope qui dit avoir visité un certain nombre de débiteurs, sans avoir réussi à «  tirer un sol de personne ».

 

VIII

 

Si vigoureuse et si longue qu'elle puisse être, la vie de l'homme a des limites, sans compter qu'elle est sujette à bien des accidents.

Presque octogénaire, l'ancien Doctrinaire ne pouvait, sans manquer de prudence, différer davantage de prendre ses dernières dispositions. Il les consigna dans un testament olographe, en date du 25 juillet 1827. Quatre additions furent faites à ce testament :

en janvier et juillet 1829, en avril 1830 et en mai 1831, deux mois avant sa mort..

Les principales dispositions de ce testament méritent d'être connues; elles valent pour le testateur la plus belle des oraisons funèbres.

M. Lassalle n'avait que des parents très éloignes. A ces parents et à des personnes qui par leurs services avaient acquis des droits à sa reconnaissance, il partagea une somme d'un peu plus de douze mille francs.

Il laissa le reste de ses biens, ou mieux le revenu de ses biens, tant meubles qu'immeubles, aux séminaires de Saint-Pé et de Bétharram et aux pauvres d'Igon, de Lestelle et de Saint-Pé. Le revenu des immeubles situés à Saint-Pé fut légué aux pauvres de la ville et au Petit-Séminaire. Le supérieur de cet établissement, seul chargé de les administrer, devait donner, chaque année, au Bureau de bienfaisance les deux tiers du revenu et garder l'autre tiers pour le Séminaire.

De même, le revenu des immeubles situés à Lestelle et à Igon fut légué par parties égales aux pauvres de Lestelle, aux pauvres d'Igon et au séminaire de Bétharram, auxquels il devait être donné chaque année par le supérieur de Bétharram, qui en était seul administrateur (9).

 


Les Séminaires de Saint-Pé et de Bétharram reçurent encore chacun un legs particulier, sous la condition de certaines redevances. Pour ne parler que des redevances du Petit-Séminaire de Saint·Pé, il était obligé de faire donner, tous les seize ans, une mission dans l'église de la paroisse. Annuellement aussi, il devait payer à MM. les curés de Saint-Pé, de Lestelle et d'Igon une certaine somme (10) pour être remise, par chacun d'eux, à celle des filles de leur paroisse qui avait le plus édifié le public par sa conduite et par la fréquentation des sacrements, parmi celles qui se mariaient dans l'année.

Un détail à noter, c'est que dans le testament proprement dit, M. Lassalle ne s'occupe que des Séminaires et des pauvres; c'était là la famille de son cœur; il n'est question des parents que dans l'une des additions faites plus tard.

Dans les conditions politiques où l'on se trouvait en 1831, on pouvait craindre que toutes les clauses du testament ne fussent pas acceptées à cause de leur caractère religieux. Aussi M. Lassalle institua-t-il, pour ses héritiers universels, M. Laurence, supérieur du Petit-Séminaire, et M. Antoine Nicolau, de Saint-Pé, ancien juge de paix. Celle mesure montre également la prudence du testateur et la confiance que lui inspiraient les deux héritiers nommés. Il savait qu'ils n'hériteraient jamais de ses biens que pour exécuter ses volontés, et que leur conscience rendrait toujours possible le bien que l'interprétation passionnée de la loi pourrait tenter d'empêcher.

 

 

IX

 

Ces dispositions faites, tout se trouvait réglé pour M. Lassalle du côté de la terre; tout était réglé aussi du côté du ciel. N'avait-il pas employé la vie tout entière, soit comme professeur de théologie et chapelain, soit comme directeur du Petit et du Grand-Séminaire, soit enfin comme fondateur d'institutions chrétiennes, à faire connaitre, aimer et servir Dieu et aussi à former des prêtres qui travailleraient comme lui à la gloire de Dieu et au salut des âmes. N'avait-il pas même confessé la foi au péril de sa vie? Lui aussi pouvait dire:

J'espère en Jésus: sur la terre .

Je n’ai pas rougi de sa foi;

Au dernier jour devant son Père

Il ne rougira pas de moi (11),

Il pouvait donc se tenir tranquille et se réjouir à la vue du bien réalisé par ses fondations. La maison d'Igon, devenue maison-mère, avait déjà fondé plusieurs établissements. Son noviciat très nombreux, l'était trop peu cependant pour répondre à toutes les demandes de fondation qui lui arrivaient. Le couvent de

 

 

 


Saint-Pé répandait l'instruction chrétienne dans la classe ouvrière de la ville, et assurait aux malades nécessiteux des secours et des consolations. Enfin le Petit-Séminaire avait déjà conquis la réputation d'un grand établissement d’instruction. Suivant les désirs du fondateur, il fournissait largement au recrutement du clergé.

Certes, il y avait là de quoi réjouir le cœur du saint prêtre; et il aurait pu se dire qu'il avait le droit de se reposer. Il n'en fit rien. Il resta toujours à son poste de supérieur, comme un homme décidé à mourir debout.

X

La nuit du 28 juin 1831, l'abbé Lassalle éprouva une attaque de paralysie qui, en lui laissant la connaissance, lui enleva l'usage de la parole. A raison surtout de son âge, son état parut grave dès le premier moment.

On lui administra les sacrements qu'il reçut avec les marques d'une véritable piété. Le 5 juillet suivant, vers trois heures du matin, il s'endormit dans le Seigneur, nous pouvons le dire, puisque la charité efface la multitude des péchés.

Mort en combattant, il méritait de prendre son dernier repos sur le champ de bataille. Il fut enterré à Bétharram, au milieu des larmes de la communauté qu'il avait si longtemps dirigée, au milieu des regrets des habitants du pays, qui l'entouraient de vénération. Son modeste tombeau se voit encore aujourd'hui dans la chapelle de l'Ascension, au sommet du Calvaire.

Sur la dalle qui le recouvre on peut lire l'inscription suivante :

 

P. P. LASSALLE

PRÊTRE, EX-DOCTRINAIRE

SUPÉRIEUR ET RESTAURATEUR DE BÉTHARRAM

FONDATEUR

DU PETIT-SÉMINAIRE ET DU COUVENT DE SAINT-PÉ

ET DU COUVENT D’IGON

IL FUT LE MODÈLE DES PRÊTRES

LE BIENFAITEUR DE SON PAYS ET LE PÈRE DES

PAUVRES

NÉ A SAINT-PÉ LE 8 JUILLET 1751

Il MOURUT A BÉTHARRAM LE 5 JUILLET 1831

________

Transiit  benefaciendo.

 

 

Il est bien là à sa place dans cette chapelle, lui, qui s'est élevé au ciel en se dépouillant de ses biens pour procurer du pain aux membres souffrants de Jésus-Christ et lui préparer des prêtres qui continueront son œuvre. Il est à sa place en vue de Bétharram et de Lestelle, d'Igon et des pantières de Saint-Pé, où tant de personnes continuent à jouir de ses bienfaits.

Avec P. Procope Lassalle s'éteignit son nom, nous ne disons pas sa famille, car il laissa pour postérité les œuvres dont il a été parlé. Grâce à lui, dans plusieurs villes ou villages, des pauvres reçoivent gratuitement le pain qui soutient la vie du corps. Grâce encore à lui, Saint-Pé possède un Petit-Séminaire qui offre à la jeunesse du pays une éducation intellectuelle, morale et religieuse, en même temps qu'il est pour le diocèse Une riche pépinière où se recrute son clergé.

Tout le pays doit être reconnaissant à Procope Lassalle de ses bienfaits, la ville de Saint-Pé surtout, à laquelle il a fait une plus large part (12). Elle a doublement le droit de se glorifier de lui avoir donné le jour (13).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

             …’’

 

 

Statue de Mgr LAURENCE

dans la cour de l’ancien Petit-Séminaire

Statue de Procope LASSALLE

Au dessus du portail d’entrée du Petit-Séminaire

 


 

Chapelle de l’Ascension au sommet du calvaire de Bétharram

 

 

 

Intérieur de la chapelle de l’Ascension au sommet du calvaire de Bétharram

 

 

 

 


NOTES :

 

(l) L'abbé Lassalle avait reçu au baptême les noms de Pierre et de Procope; mais comme un de ses frères qui devint Doctrinaire comme lui, portait le nom de Pierre, on ne désigna Pierre·Procope dans la famille que sous le nom de Procope. Nous allons nous conformer ici à cet usage de la famille.

 

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(2) Le noviciat du monastère de Saint-Pé était à Toulouse.

 

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(3) M. l'abbé MENJOULET. -Chronique de Bétharram.

 

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(4) Nous avons trouvé l'affiche imprimée par laquelle « le directoire du district » annonçait  au public «la première enchère du bien national situé dans la municipalité de Saint-Pé, provenant des ci-devant Bénédictins ».

Ce bien est détaillé comme il suit et avec l'orthographe que nous reproduisons :

« ART. 1er. -La maizon. granges, bassecours,. gardins et enclos contigù.

ART. 2. -8 gournaux, terre labourable. L'affiche porte la date du " 10 vendémiaire, an IV de la République française une et indivisible ».

 

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(5) L’Ere nouvelle.

 

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(6) R. P. RIGAUD. - Vie de la bonne Sœur Elisabeth.

 

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(7) Ce certificat de vie devait être produit pour obtenir le paiement de la pension dont il jouissait. Les trois Religieux de la famille avaient une pension annuelle qui était de :

320 francs pour Pierre;

333    -     pour Faustin-Jovite;

240    -    pour Procope.

Il en est parlé dans un document qui a pour titre: « PENSIONS ECCLESIASTIQUES ANCIENNES », lequel est suivi d'un certificat d'inscription portant la signature du « Directeur des Pensions: GASSNAUD » et daté du 1er août 1811.

En marge, au sommet de la page, se trouvent les deux mots: « Trésor imp. »

 

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(8) Ces ouvriers travaillaient probablement à défricher un morceau de lande à la métairie de Pédalia.

 

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(9) Lorsque Bétharram cessa d'être Grand-Séminaire, le legs dont il jouissait fit retour aux pauvres d'Igon et de Lestelle :conformément à la volonté du testateur.

 

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(10) 30 fr. pour Saint-Pé, 20 fr. pour Igon et autant pour Lestelle.

 

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(11) Louis VEUILLOT.

 

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(12) D'après une tradition arrivée jusqu'à nous, l'abbé Lassalle désirait que les élèves de Saint‑Pé pussent recevoir au Séminaire l'enseignement gratuit, l’enseignement classique, bien entendu, puisque dans le principe il n'était pas question d'établir une classe de français.

Ce désir, lors même qu’il aura été exprimé, ne pouvait créer aucun droit puisqu'il n'est pas formulé dans l'acte de donation de l'enclos bénédictin au Diocèse, ni dans le testament de l'abbé Lassalle.

Il fut respecté quand même; car la petite redevance payée par les élèves de Saint-Pé depuis 1823 leur fut imposée comme frais d'études, de surveillance, d'éclairage, etc., c'est à dire, comme leur part des frais généraux du Séminaire.

Celle redevance a varié à diverses époques. Si elle est portée aujourd'hui (1887) de 30 fr. à 50 fr., c'est parce que ces frais généraux ont augmenté. Mais l'enseignement continue à être gratuit, comme il est facile de le reconnaître en considérant la rétribution payée par les externes étrangers, laquelle est double de celle qu'on exige des élèves de la ville.

 

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(13) La maison natale est encore appelée par les anciens, maison Lassalle; elle fut vendue en 1815, La famille habitait déjà alors la maison Bayou, qui fut vendue après la mort de M. l'abbé Procope.

Elle a servi longtemps d'hôpital, de mairie et de justice de Paix. Aujourd'hui elle est en reconstruction pour devenir la maison d'école des filles.

 

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Mgr BERTHAND-SÉVÈRE LAURENCE

(1790-1870)

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